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23/03/2015

La moitié des 43 millions d'électeurs n'ont pas voté

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 Aux départementales, le parti vainqueur du premier tour

n'a donc eu les voix que d'1,5 électeur(s) sur 10 :


 

...ce qui relativise les clameurs poussées par les uns et les autres*.

Pourquoi cet abstentionnisme de masse, dans un scrutin dit « de proximité » ? Justement : c'est parce que les électeurs ne le ressentent plus comme étant « de proximité ». 

La technocratisation enveloppe les communautés locales et met la main sur les budgets municipaux ; l'administré se sent dépendre (de plus en plus) d'entités abstraites. Il paie ses factures à des acronymes... Matignon disloque en permanence la carte électorale, transforme le département en hologramme, gadgétise le mode de scrutin. Nous étions appelés hier à élire des « binômes » (!) et leurs futures compétences sont en pointillé au sein d'un échelon administratif voué  peut-être  à disparaître, etc.

Pour masquer ces incertitudes, le PS et l'UMP avaient déployé (en vociférant) une fausse certitude : le seul enjeu de ces départementales était, paraît-il, de « barrer la route au Front national ». Peu d'électeurs y ont cru. La route du FN n'a donc pas été barrée. Le parti lepéniste n'a pas atteint les 30 % fabriqués par les sondages, mais il confirme son installation dans le paysage français, et ses 25 % sont un symptôme alors que ce parti sortait du néant sur le plan local.

Les habitants des espaces désertifiés se jugent abandonnés par le système. Leur répondre que l'essentiel est de barrer la route au Front national n'est donc pas adéquat. Beaucoup ont riposté hier en ne votant pas, ou en votant FN...

« Scrutin sans contenu, défiance maintenue », estime Jean-Christophe Gallien (Paris I) dans La Tribune**. Cette défiance vise le système plus que tel ou tel parti. Les farouches « antisocialistes » devraient comprendre que beaucoup d'abstentionnistes d'hier ne reprochent pas au PS d'être « socialiste », ce qu'il n'est pas, mais d'avoir prétendu changer les choses alors qu'il n'en avait ni les moyens, ni l'intention. L'UMP est logée à la même enseigne.

Chacune de ces élections fait un peu plus la lumière sur l'impasse : de moins en moins de citoyens croient dans le système, qui ne croit plus en lui-même. Toutes les expériences ont été faites pour donner le même résultat. « Toutes, sauf une », entend-on dans les déserts de l'Hexagone : « l'expérience du FN »... Cette phrase est prononcée par des citoyens qui disent (simultanément) que ce parti « n'aurait pas les moyens de gouverner ». Voilà encore un symptôme.

 

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* Palme du dérisoire à Manuel Valls déclarant : « ça marche ! ». Qu'est-ce qui « marche » ?

** http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/scrutin-sans-contenu-defiance-maintenue-463009.html#xtor=AL-13

  

12:52 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique

Commentaires

BOUFFON

> Nous sommes vraiment dans une période bouffonne, en plus d'élections hors sol et aux enjeux inexistants en tout cas incompréhensibles, il faut voter pour des binômes, où la parité est obligatoire, alors qu'elle ne l'est plus dans le mariage. Le rapprochement est amusant.
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Écrit par : Aurélien Million / | 23/03/2015

F(I)LOUTAGE

> De surcroît les contours des assemblées départementales, comme les parts de budget afférents sont flous (peut s'écrire floutés ou filoutés), ce qui revient à prendre l'électeur pour un cochon de votant (de collaborant, d'opinant).
En attente d'un démenti par plus connaisseur que moi, affirmons que rarement, dans l'histoire démocratique française, on a aussi peu su pour quels engagements on vote au juste.
L'abstention ne serait-elle pas une preuve de sagesse électorale, même si à peu près aucun commentateur situable dans le courant de la doxa officielle n'en tient compte ?
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Écrit par : Aventin / | 23/03/2015

SYMPTÔME

> Oui, tout cela est le symptôme d'une idéologie qui poursuit furieusement la marchandisation de l'homme, promeut l'esclavage à l'échelle internationale et détruit notre environnement...
Alors, que nous réserve l'avenir? Une néfaste révolution nationale, ou une sorte d'"américanisation" de la société française, voire européenne? "Américanisation" avec ses indigents, ses abandonnés toujours plus nombreux, ses "zones de non-droit" et ses quartiers chics bien gardés, ses prêcheurs fondamentalistes, ses Hérauts de l'Evangile qui mettront de l'ordre, en bottes s.v.p. et qui viseront les décideurs à tous les niveaux, avec leurs associés de Pro Europa Christiana ou Tradition Famille et Propriété (c'est kif-kif), promoteurs de l'"inégalité harmonieuse"! Le paradis sur terre, quoi!
Avec en prime une perspective eschatologique du tonnerre "à la Témoins de Jéhovah" où avant la fin du monde, chacun aura le droit de goûter dans une petite paix égoïste et dans sa propriété s.v.p., à la vie petite-bourgeoise... Voilà Jésus agent immobilier et promoteur de l'American way of life in saecula saeculorum... Une perspective indicible...
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Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 23/03/2015

PERTE D'ALTITUDE

> Pas étonnant! Ayant distribué à Sarcelles des tracts pour des amis candidats, on pouvait littéralement palper la défiance et même parfois le dégoût inspiré par le monde politique aux habitants âgés de la "vieille ville" et le faible intérêt de la population, souvent d'origine immigrée, du grand ensemble.
L' institution électorale fait penser à un avion perdant progressivement de l'altitude. Que va-t-il se passer ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/03/2015

RENVERSER LA TABLE ?

> "Dans les déserts de l'Hexagone"... Oh oui ! Dans mon département, le Loiret, les cantons ruraux, qui se sentent abandonnés de tout et de tous (je vis dans l'un d'eux), sont tentés par le vote FN : entre 35 et 39 % en moyenne ! En revanche, à Orléans et dans certains cantons plus aisés, on retrouve de classiques deuxièmes tours opposant Union de la Droite et Gauche.
Et dire que dans mon canton, les candidats FN, en tête, sortent d'on ne sait où, ont l'air d'avoir à peine 25 ans, et ne disent rien de local sur leur tract. Misère...
Dans nos campagnes, le vote (pour autant qu'il signifie encore quelque chose) semble indiquer que bien des gens veulent renverser la table.
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Écrit par : Alex / | 23/03/2015

AU MOINS

> Au moins, avec le coup de la parité, on est quand même un peu rassuré : ils croient toujours que l'humanité est composée d'hommes et de femmes et non d'un magma de genres d'un nombre fluctuant toujours croissant.
Sinon, c'est vrai que le taux de participation est lamentable, mais il était assez prévisible vu la qualité de "nos élites politiques".
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Écrit par : Bernadette / | 24/03/2015

CHIFFRAGES

> http://elections.interieur.gouv.fr/departementales-2015/FE.html
les quatre premiers sont dans l’ordre :
on notera que le « Binôme Union de la Droite » n’est pas un parti, mais une
sorte de confédération de circonstance.
Binôme Front National 1/8
Binôme Union de la Droite 1/10
Binôme Union pour un Mouvement Populaire 1/32
Binôme du Parti Socialiste 4/63
Quand à la faible participation, de quoi ont-ils peur ces électeurs abstentionnistes,
du secret de l’isoloir ? Paresse ou fuite devant les responsabilités ?
Si cette abstention n’était pas volontaire, cela pourrait affectivement entacher la légitimité du scrutin.
Mais comme elle est volontaire, cela signifie que les abstentionnistes acceptent à l’avance le vote qui sortira des urnes et de par ce fait rend légitime le taux par rapport aux votants, qu’il soit de 1 sur 10 ou de 1 sur 8.
Le reste, c’est de la rhétorique, mais on aime tellement cela la rhétorique, jusqu’à l’épuisement.
Quand au premier parti de France, ce n’est pas 1 électeur sur 10 mais 1 électeur sur 8.
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Écrit par : jean / | 26/03/2015

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